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TROIS JOURS DANS UN POSTE DE COMMANDEMENT DE BRIGADE PENDANT UNE ATTAQUE

On m'avait dit à l'état-major : « Vous pourrez aller en auto jusqu'au premier poste de coureurs. Un des hommes vous conduira par les boyaux au deuxième poste ; il vous repassera à un de ses camarades, et celui-ci à un troisième, etc. Ainsi, de relais en relais, vous arriverez au poste de commandement de la brigade. »
Je pars donc avec mon premier guide. Après avoir gravi une pente assez raide, très glissante, criblée de trous d'obus, je me retourne pour voir le panorama de Verdun. Devant nous, la Meuse coule lentement et brille dans le paysage gris, comme un ruban d'argent. Un hangar de dirigeable, énorme et dont le toit fut crevé par le bombardement, étale sa carcasse imposante. Plus loin, les deux tours carrées de la cathédrale... Nous reprenons notre marche ; nous traversons la voie ferrée et nous prenons le boyau, que nous suivons pendant plusieurs heures. Nous y rencontrons des petits blessés, zouaves et tirailleurs, couverts d'une croûte de boue ; malgré leur extrême fatigue, ils bavardent en marchant. Au second poste de coureurs, qui est une excavation dans la paroi de la tranchée, mon guide est remplacé.
Je repars avec ce second compagnon, le type parfait « du gars du Midi avec Tassent ». Au bout de quelques instants, il me demande si ça m'est égal de marcher à découvert. J'accepte, car le boyau est trop monotone.
Le terrain que nous traversons témoigne des luttes passées ; le sol est troué par les obus et couvert de débris ; des petits bois sont hachés ; de longs sillons jaunes se succèdent dans le paysage d'un gris sombre où passent des blessés, clopinant appuyés sur des bâtons ou des fusils. Le ciel est bas, la terre retournée. Un tirailleur blessé est étendu et gémit ; près de lui un autre tirailleur est debout et reprend son souffle avant de recharger son camarade sur son dos et de l'emporter à l'arrière.

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